Les enjeux de la fiction chez Erri de Luca, par Sylviane Dupuis

Ptàkh pìkha le illèm : « ouvre ta bouche pour le muet »
(Proverbes 31/8) cité par Erri de Luca, p.18

Dans La Parole contraire, le petit « manifeste » que vous avez publié l’année dernière (il s’agit en effet de bien plus et de tout autre chose que d’une autodéfense !), vous écrivez : « Notre liberté ne se mesure pas à des horizons dégagés, mais à la cohérence entre mots et actions » – qu’il s’agisse des mots de l’écrivain, ou de ceux dont se sert la parole engagée du citoyen. « Ma liberté – dites-vous – suppose une unité entre ce que je vis et ce que je fais ».

Ce qui mieux que tout vous lave de l’accusation dont vous avez été l’objet, c’est en effet l’unité rigoureuse que l’on constate de bout en bout, chez vous, entre les mots, les actes, et la vie. « Si j’avais employé le verbe ‘saboter’ dans le sens de dégradation matérielle, après l’avoir dit je serais allé le faire » écrivez-vous encore.

Ceux qui vous ont accusé ne vous ont jamais lu. Et nous sommes là aujourd’hui pour tenter, à l’opposé, de vous lire avec exactitude – ce qui est la moindre des choses pour un auteur aussi exact que vous, entré en écriture par fascination (je vous cite) de « l’infaillible précision des expériences en littérature ».

Par « sabotage », vous entendez résistance, vous entendez : parole contraire. Vous persévérez (en tant que citoyen) dans le non opposé par l’écrivain à l’injustice comme à la destruction de l’humain et de son monde. Et paradoxalement, c’est votre non qui est un oui. C’est votre non qui dit l’éthique – face à ceux qui la bafouent avec la complicité du pouvoir censé protéger la justice et le droit.

…Mais par « sabotage », ou résistance, ou détraquage, il faut entendre aussi : ce que fait la littérature. En relisant pour la table ronde de ce soir votre admirable Le plus et le moins – un ensemble de textes autobiographiques (mais aussi fictionnels, puisqu’il n’est pas de récit de soi qui échappe au mentir-vrai) paru l’année dernière en italien, et cette année en traduction française –, il m’a semblé y trouver l’illustration même de ce que signifie pour vous « penser le monde par la littérature ».

Vous me permettrez donc, en cinq minutes, de suggérer quelques bribes de définition des enjeux de la fiction tels que je les lis dans ou entre vos mots, et qui forment au travers de ces petits récits comme une anthologie des modes de résistance que vous dressez dans l’écriture face aux limitations ou aux impasses du réel.

  1. Ecrire c’est faire parler les sans-voix : qu’il s’agisse des ouvriers rivés à leur harassant effort quotidien et qui ne songent pas à le traduire en mots, se méfiant même de celui qui, comme vous, nourri de livres et de mots, c’est-à-dire étranger à leur monde, prétend partager leur condition ; ou qu’il s’agisse de la foule des morts désormais privés de voix que l’on contient en soi, et que l’écriture libère du silence, ou de l’oubli. Mais aussi réinvente.
  1. Ecrire c’est paradoxalement (par le biais de récits, de fables) fixer les formes mouvantes et transitoires du monde réel : celles des êtres perdus, celles des vivants et des choses qui disparaîtront, celle de la génération à laquelle on a appartenu, celles de l’Histoire, celles des paysages ou des villes qui, comme Naples, votre ville natale, pourraient se voir un jour rayés de la carte si se réveillait la colère du volcan endormi, ou celles de nos émotions… Ainsi se trouvent transgressées, « sabotées », les lois cruelles du vivant, auxquelles s’opposent la mémoire et sa mise en récit.
  1. Ecrire c’est abstraire dans les mots quelque chose du monde réel, et lui donner par là plus de présence ou de réalité, pour un nombre infini de lecteurs n’ayant jamais fait l’expérience de ce qui leur est transmis ; écrire c’est « infinitiser » sa propre expérience limitée, et vouée à l’oubli, en lui donnant forme symbolique – et en la transmettant à d’autres.
  1. Mais écrire, c’est d’abord lire : « Recevoir d’un livre est une action aussi active que celle de l’écrire » dites-vous. « J’ai été un enfant à l’intérieur d’une chambre en papier. Mon père les achetait par kilos […]. Il rentrait le soir, se mettait dans un fauteuil, étendu sous un livre. […] Ce geste-là m’a mis sur la route. » Pourtant, dans le monde que vous avez côtoyé, lire est de l’ordre de la subversion, du « sabotage »… « Qu’est-ce que tu as dans ton sac, la Bible des protestants ? » vous demandera ironiquement un ouvrier parce que vous lisez Le Voyage au bout de la nuit pour résister à l’hiver des chantiers après le tremblement de terre de 1980. Lire, écrire, c’est aussi parfois le seul moyen de tenir debout.
  1. Ecrire, c’est proposer une lecture du monde en bonne partie imaginaire, nourrie (fût-ce à notre insu) par les livres que nous portons en nous – mais qui paradoxalement nous fait voir la réalité : ainsi de cet étonnant chapitre de Le plus et le moins où les ouvriers trimant dans des nuages de poussière « comme des damnés », écrivez-vous, se changent en vision dantesque, mais aussi en allégorie de la création (« Ils travaillaient à détruire et à refaire. Le ciel s’agrandissait à coups de pioche. ») – allégorie qu’inspire à l’écrivain la lecture de Dante superposée au « déraillement visionnaire de l’enfance » (quand vous observiez, fasciné, par la fenêtre, les ouvriers au travail) et amalgamée à l’expérience vécue.

Nouvelle forme paradoxale de « sabotage », ou de transgression des limites : vous que les employés du chantier rejetaient comme subversif parce que, bien que faisant exactement le même travail qu’eux, vous aviez « besoin de pages à tenir en main », vous les déposerez plus tard dans vos propres livres pour vous faire à la fois leur témoin, et leur avocat.

Comme vous vous êtes fait le témoin et l’avocat, au Val de Suse, des ouvriers victimes du cynisme criminel d’une entreprise ferroviaire – usant des mots comme écrivain et comme citoyen engagé pour (je vous cite) « inciter à un sentiment de justice, qui existe déjà mais qui n’a pas encore trouvé les mots pour s’exprimer et donc être reconnu ».

« Notre liberté ne se mesure pas à des horizons dégagés, mais à la cohérence entre mots et actions. »  Merci, Erri de Luca.

Sylviane Dupuis

Revivez les 4 conférences de la 49e session !

Les 4 conférences de la 49e session des Rencontres internationales de Genève sont désormais librement accessibles en ligne!

Lundi 26 septembre 2016 – Boualem Sansal « Ecrire dans la violence du monde »

Crédit photo @Hadrien Haener

 

Mardi 27 septembre 2016 – Petros Markaris « L’écrivain et ses villes »

Crédit photo @Hadrien Haener

 

Mercredi 28 septembre 2016 – Erri De Luca « La chute comme expérience de salut »

Crédit photo @Lucas Zibung

 

Jeudi 29 septembre 2016 – Kim Thuy « La fiction, une réalité sans frontières »

Crédit photo @Lucas Zibung

Adieu à Bronislaw Baczko – Les Lumières, l’utopie et les RIG sont en berne

Né à Varsovie le 13 juin 1924, Bronislaw Baczko s’est éteint chez lui parmi ses livres et ses papiers le 29 août 2016 à Genève. Le travail intellectuel l’aura habité jusqu’à son dernier souffle. Le généreux historien des idées, de Rousseau, de l’utopie, des imaginaires sociaux et de la Révolution française laisse une œuvre dense et considérable, traduite dans de nombreux pays. De 1974 à 1989, il a donné à la Faculté des Lettres de l’Université de Genève ce qu’elle peut avoir de meilleur en termes de recherche et d’enseignement. Récipiendaire en 1999 du Prix de la Ville de Genève, il reçoit en 2011 le Prix Balzan pour sa contribution à la réflexion philosophique consacrée à la pensée de Rousseau et à l’étude des conséquences politiques et sociales du mouvement des Lumières sur les événements de la Révolution française. Sa disparition suit de près la publication en juillet 2016 du Dictionnaire critique de l’utopie au temps des Lumières (Georg) qu’il a préparé et codirigé depuis 2012 avec les deux soussignés.

Après une enfance de lecteur insatiable et d’amateur passionné de films américains dans la Varsovie de l’avant-guerre, c’est en orphelin qu’il traverse, avec son frère aîné, l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale. Officier dès 1943 dans l’armée polonaise formée en URSS par les rescapés du parti communiste, il participe à la libération de Berlin puis découvre Rousseau en 1945 dans les ruines de Varsovie.

Sa thèse sur la Société démocratique polonaise – diaspora polonaise dispersée en Europe après la révolte libérale de 1830 – soutenue en 1953, Baczko effectue deux séjours parisiens grâce au soutien de l’UNESCO (septembre 1956) et de la fondation Ford (1959) ; il est accompagné la seconde fois par le grand historien de l’économie Witold Kula, marxiste libertaire, complice de Fernand Braudel rencontré dans un oflag. A Paris, Baczko approfondit l’œuvre de Rousseau, croise Edgar Morin et Lévi-Strauss dans les couloirs de la Sorbonne et se rapproche de la Sixième section de l’École pratique des hautes études (aujourd’hui EHESS).

Enseignant à l’université de Varsovie l’histoire de la philosophie, il y est nommé professeur en 1966. Marxiste désenchanté face aux crises des années 1953-1957 (antisémitisme officiel en URSS, procès politiques, complot des blouses blanches, chute de Béria, XXe Congrès du Parti communiste, répression de l’insurrection ouvrière de Poznan par l’armée polonaise), il anime avec d’autres complices un séminaire libre ouvert sur l’actualité de la décomposition du marxisme et du système communiste ; en 1964, il publie sa magistrale monographie Rousseau. Solitude et communauté (traduit en français en 1974).

Normalisation autoritaire, accusation de révisionnisme et antisémitisme : dès mars 1968, Baczko et d’autres intellectuels, dont le philosophe Leszek Kolakowski, subissent les foudres du régime communiste. Le séminaire est diffamé. Discrédit, humiliations, interdiction d’enseigner et de publier : les humanistes de Varsovie entrent en enfer. Fort de son ancrage dans le cosmopolitisme solidaire de la république des Lettres, Baczko rejoint avec sa famille en décembre 1969 l’université de Clermont-Ferrand à l’invitation expresse de Jean Ehrard, éminent spécialiste des Lumières, pour y enseigner jusqu’en 1973 l’histoire des idées. La patrie de l’exilé Baczko devient l’enseignement et la recherche.
Se rapprochant de Genève via l’œuvre de Rousseau, Baczko y noue un réseau d’amitiés avec les historiens Sven Stelling Michaud et Jean-Claude Favez, doyen de la Faculté des Lettres de l’Université de Genève, artisan de sa nomination en 1974 comme professeur ordinaire au Département d’histoire générale où il occupera la double chaire – unique en Europe – d’histoire des mentalités et d’histoire de l’histoire ; il prend sa retraite en 1989, alors même que la Pologne et les autres pays du « bloc de l’Est » se libèrent d’un système politique dont il avait décrit les dérives et l’effritement depuis trente ans. Dans les parages de la Société Jean-Jacques Rousseau, avec ses amis Alain Grosrichard et Jean Starobinski, l’historien fonde et anime depuis 1974 le Groupe d’étude du XVIIIe siècle, atelier pluridisciplinaire où résonnent les voix des ténors et des débutants qui étudient le siècle de Voltaire. Autour des Lumières et de la Révolution, son réseau universitaire repose sur des amitiés inséparables de complicités et d’échanges intellectuels avec notamment Krzysztof Pomian, Georges Nivat, Franco Venturi, Bronislaw Geremek, Jean-Marie Goulemot, Robert Darnton, Keith Baker, Colin Lucas, ainsi que François Furet et Mona Ozouf à qui il donne quatre contributions substantielles pour le Dictionnaire critique de la révolution française (Flammarion, 1988) – notamment l’article « Lumières » où il montre que si le siècle de Voltaire ne saurait être tenu pour la cause de la Révolution, celle-ci n’est toutefois pas pensable coupée des Lumières.

Charisme, disponibilité, humanité à fleur de peau, générosité intellectuelle, œil curieux de tout, pipe au vent : l’immense pédagogue attire des foules d’étudiant-e-s qui se pressent dans ses enseignements (cours, séminaires). Qui en redemandent encore et toujours. Apprenant à penser et construire les objets du savoir que dispense Baczko avec une modestie proverbiale teintée d’humour, ils acquièrent cette autonomie intellectuelle que visent avant tout ses cours et ses séminaires. Les Lumières, détachées de leur téléologie révolutionnaire, y occupent la place centrale que déplient, outre d’innombrables articles et contributions médiatiques, les trois ouvrages fondamentaux qu’après les Lumières de l’Utopie (Payot, 1978) il publie sur l’imaginaire politique et la Révolution française dans l’héritage controversé des Lumières : Une éducation pour la démocratie (Garnier, 1982), Les imaginaires sociaux. Mémoires et espoirs collectifs (Payot, 1984), puis Comment sortir de la Terreur. Thermidor et la révolution (Gallimard, 1989) où il montre comment une révolution qui ne peut tenir ses promesses reconnaît la faillite de l’espoir social et politique qu’elle avait suscité. En 1997, Job, mon ami. Promesse du bonheur et fatalité du mal (Gallimard) revient sur les Lumières pensées comme le moment où se nouent inexorablement le droit au bonheur de l’humanité et la fatalité du mal que surmonte parfois la Cité juste en Utopie. Publié sous la forme d’un énorme livre de poche, Les Politiques de la Révolution française (Gallimard, folio histoire, 2008) éclaire le paradoxe de la culture politique révolutionnaire qui veut maîtriser le temps de l’histoire alors qu’elle se trouve dépassée par un présentisme politique qui brise la vie collective et les destins individuels entre passions et espoirs révolutionnaires.

Dans notre monde déboussolé et violenté, Baczko nous aide à penser l’espoir démocratique comme utopie contemporaine née du siècle de Rousseau. Utopie ? Celle qu’il a pensée n’est pas chimère ou candide rêverie ; c’est l’esprit, l’énergie prospective qui anime les hommes confiants dans leurs espoirs, leurs travaux et leurs désirs de progrès. Les travaux de l’historien énoncent ainsi notre dette envers les Lumières qui ont érigé les droits de l’homme en valeur rectrice de la modernité sociale et politique. Pensant la naissance de la démocratie, l’œuvre de Baczko s’inspire de cet idéal démocratique du savoir qu’il aura incarné comme un humaniste d’aujourd’hui. L’héritage universel de Voltaire et de Rousseau qu’il a contribué à transmettre à des générations d’étudiants rejoint celui de Condorcet.
Mettant son espoir d’homme traqué par le Révolution dans les « manifestations de la perfectibilité humaine », Condorcet rédige en 1793 son ultime ouvrage Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (posthume, 1795). Depuis quelques mois, infatigable lecteur d’ouvrages savants (mais aussi de romans policiers et de toute autre forme de littérature classique ou contemporaine), Bronislaw Baczko avait sur l’établi un ample texte sur l’histoire de la perfectibilité, entre l’enthousiasme de Condorcet et l’apparent scepticisme de Benjamin Constant. L’espoir libérateur des Lumières trouve son sens dans la parole lucide, juste et fraternelle de l’historien Bronislaw Baczko qui, dans la tourmente du XXe siècle, a pensé la continuité et les ruptures dramatiques de l’histoire depuis la Révolution française. Son rire malicieux, ses avertissements, son appétit de lectures, son irrévérence faces aux préjugés, sa silhouette fragile, sa dignité et sa présence manqueront durablement à sa famille, à ses amis, à ses collègues, à son université et aux Rencontres internationales de Genève dont il a été depuis son arrivée à Genève un membre actif— souvent discret— et un interlocuteur enthousiaste dans le comité et un débatteur passionné lors des sessions. La Genève internationale perd en Bronislaw Baczko un intellectuel exceptionnel.

Michel Porret (UNIGE), François Rosset (UNIL).

Nota bene : Au moment où Bronislaw Baczko nous quitte, paraît aux Presses Universitaires de la Sorbonne la réédition critique de La leçon morale de l’historien (1967, 1969), collection Tirés à part. La revue Esprit, 8-9, août-septembre 2003, contient un essai de M.P. sur l’œuvre de Bronislaw Baczko ainsi qu’un long entretien avec lui (http://www.esprit.presse.fr/).

Dimanche 25 septembre : rencontre avec Boualem Sansal

En partenariat avec les RIG, la Fondation Jan Michalski organise une rencontre littéraire avec Boualem Sansal. Elle aura lieu le dimanche 25 septembre de 16h à 18h autour de son dernier roman « 2084 : La fin du monde ».

En français, animée par Pascal Schouwey

Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature
Adresse : En Bois Désert 10, 1147 Montricher

Entrée 10.-
Sur réservation : sansal@fondation-janmichalski.ch

Plus d’informations : www.fondation-janmichalski.com

26–29 septembre 2016 : FICTIONS. Penser le monde par la littérature

« La pyramide des martyrs obsède la terre. »
René Char, « Le Bouge de l’historien », Seuls demeurent, 1938-1944.

Avec leurs agencements esthétiques, narratifs et imaginaires spécifiques, la littérature et la poésie expriment — pour le dire sommairement —, le bonheur et l’épreuve de la présence humaine au monde. La fiction est peut-être l’alliée cognitive des sciences humaines et sociales qui veulent donner du sens à l’Histoire. Ensemble, ces savoirs constituent les pivots indispensables de l’éducation scolaire, ainsi que de l’enseignement et de la recherche universitaires qu’il faut préserver et enrichir dans l’héritage éthique, politique et culturel de l’humanisme critique et des Lumières.

Lecteur assidu, essayiste, poète, « cinégraphe », nouvelliste, auteur notamment de Fictions (1944), l’immense écrivain argentin Jorge Luis BORGÈS (1899-1986) est inhumé au cimetière des Rois à Genève — ville internationale de ses études. Comme un trop modeste hommage à la modernité poétique et philosophique de son œuvre qui a changé les perspectives du regard sur la littérature en son jeu spéculaire avec le réel, la 49e session des Rencontres internationales de Genève est consacrée aux infinis rapports que l’imaginaire littéraire entretient avec les désordres et les incertitudes du monde contemporain, ainsi que la responsabilité sociale de l’écrivain.

Pour terminer l’été, cette session invite chaleureusement la cité à une prometteuse conversation cosmopolite de quatre jours avec quatre auteurs prestigieux venus du Canada, d’Italie, de Grèce, d’Algérie : Madame Kim THUY ; Messieurs Erri DE LUCA, Petros MARKARIS, Boualem SANSAL. Leurs conférences inédites ouvriront sur des tables-rondes et des débats publics. Selon leurs choix existentiels et leurs engagements individuels, ces écrivains incarnent la littérature contemporaine comme une « parole contraire », mais aussi comme une éthique résistante face aux maux et aux violences du monde déboussolé et sécuritaire d’aujourd’hui, avec son cortège de civils massacrés, de migrants désespérés, d’intellectuels inquiétés, censurés, traduits en justice, brutalisés, voire abattus pour des motifs religieux et politiques, mais aussi de saccages environnementaux et de dégradations socio-économiques, matrices de précarités et d’inégalités.

Pourtant, au-delà des choix poétiques, esthétiques et de genres littéraires, au-delà de son usage social et de son approche herméneutique, la littérature porte certainement un espoir pour penser ensemble le monde meilleur et plus fraternel auquel nous rêvons : à « chaque effondrement des preuves le poète répond par une salve d’avenir » (René CHAR).

Michel Porret.
Président des Rencontres internationales de Genève.

Retour sur la 48e session des RIG

Le 11 novembre 2015, à l’occasion de la 48ème session des RIG a eu lieu à Uni Dufour une conférence exceptionnelle donnée par le ministre français Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort en France en 1981, sur le thème « Le terrorisme et la loi ».

Il y a évoqué, devant une audience de plus de 1’200 personnes réparties entre les deux auditoires d’Uni Dufour, les conditions légales de la réponse au terrorisme dans le cadre des traditions juridiques de l’État de droit et du régime démocratique.

Le discours de Robert Badinter et son échange rapproché avec le public ont permis d’apporter des outils de compréhension essentiels à un sujet d’une actualité brûlante – pensons aux terribles événements de Paris survenus à peine quelques jours plus tard.

A l’occasion de cet événement, la projection au Grütli du discours sur l’abolition de la peine de mort prononcé par Robert Badinter en 1981 a également rassemblé une cinquantaine de personnes. Il est à souligner que la collaboration entre les RIG et les collèges de Genève a été reconduite durant cette session, permettant d’accueillir un public important de collégiens.

Les Rencontres internationales de Genève lancent leur nouveau site

Les Rencontres internationales de Genève (RIG) sont heureuses de vous accueillir sur leur nouveau site Internet.

Vous y trouverez tous les renseignements nécessaires, ainsi que les actualités liées à la session actuelle. Quant aux archives des précédentes sessions, elles seront elles aussi prochainement accessibles depuis une toute nouvelle plateforme. Finalement, il est maintenant plus aisé d’y accéder depuis un appareil mobile (smartphone ou tablette).