Programme 2020

mardi 22.09   |   mercredi 23.09   |   jeudi 24.09   |   vendredi 25.09

FEMMES-HOMMES : NOUVEAUX RAPPORTS ?

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Femmes et hommes, hommes et femmes : ordre alphabétique ? ordre habituel du monde « patriarcal » ? On choisira selon son goût, sa sensibilité, sa foi, son idéologie ou son idéal politique. L’agencement des mots réverbère les choses en ébauchant les imaginaires sociaux et les « idées-images » des représentations. Or, l’égalité « femmes/hommes – hommes/femmes » est présentement à l’agenda politico-économique mais aussi juridique avec le double enjeu des parités salariale et professionnelle. Les militant·e·s, l’État social-démocrate, les institutions, les intellectuel·le·s, les individus et l’opinion reconsidèrent les rôles dans le prisme du genre, soit l’ensemble des fonctions sociales jouées par la femme et l’homme, tout particulièrement autour de la sexualité conjugale longtemps soumise à la stricte reproduction biologique de la famille qui prohibait la « paillardise », soit le rapport sexuel hors du lien matrimonial.

Aujourd’hui, comme dans un jeu de cartes où le roi de chaque couleur l’emporte toujours sur la reine de chaque coloration, se noue le dessein complexe de redistribuer celles des femmes et celles des hommes. Rebattre sur table les cartes des rôles sociaux afin de mitiger les dominations concrètes et symboliques entre les sexes. Mais aussi pour infléchir les tutelles matérielles ou morales visibles. Ainsi que les invisibles, tout aussi puissantes, à l’instar des préjugés moraux, des interdits religieux, des normes juridiques et de l’habitus social. Dorénavant, l’assassinat des femmes est requalifié de « féminicide ». En résulte la motivation morale du reflux controversé de la prescription pénale, dans la même logique de rétribution du viol ou encore du massacre des enfants par les adultes dévoyés qui reproduisent l’amalgame entre désir et puissance du mal.

Volontarisme juridique, éducation et contrat social : cela suffit-il pour contenir les normes discriminatoires fondées durablement sur le sexe dans l’héritage bourgeois des sociétés traditionnelles d’avant l’État libéral et démocratique qui peine à s’en dissocier ? Semblable à l’éradication planétaire de la pauvreté ou à la généralisation du revenu universel, émerge peut-être une autre « utopie réaliste », celle de l’égalité genrée (Rutger Bregman, Utopies réalistes, Seuil, 2017).

Au temps des « nouvelles radicalités féministes » (#MeToo, #NiUnaMenos, #TimesU, #UnVioladorEnTuCamino) la contestation constitutive et émotionnelle du patriarcat culmine, tout autour de la planète, dans les manifestations spectaculaires et parfois d’inversion carnavalesque pour les droits des femmes ou contre l’impunité de la prédation sexuelle des mâles comme dispositif suprématiste. Si ce contexte évoque les « révoltes logiques » des années 1970, la session des RIG de septembre 2020 sondera et évoquera le bouleversement des rapports ordinaires entre les deux sexes, singulièrement complexes dans le cadre confessionnel des sociétés non sécularisées.

Maillon fort de la démocratie universitaire, les sciences humaines permettent de donner du sens aux faits. Le mieux possible selon les questions du temps présent, la déontologie herméneutique et l’esprit critique que réverbèrent les Rencontres internationales de Genève. De plus, les sciences humaines fournissent l’outillage conceptuel pour décoder l’univers mental des représentations sociales conservatrices ou inauguratrices. L’histoire, la sociologie, le droit ainsi que la littérature questionnent les liaisons anthropologiques et politiques des deux sexes entre domination, égalité et énoncé du désir.
Femmes et hommes – nouveaux rapports ? : autour de la dialectique genrée, la conversation publique que mèneront Belinda Cannone, Antoine Garapon, Eva Illouz et Fatma Oussedik entrouvre une fenêtre sur le monde sensible de demain. Outre l’évolution statistique de la parité institutionnelle ou salariale, de quelle manière doit-on envisager la perfectible mutation socio-culturelle des normes, des pratiques, des représentations et des seuils de tolérance entre les humains des deux sexes sans gommer l’empire du droit ni la différence ontologique et parfois orageuse qui les unit ? Trop oubliée, l’écrivaine suédoise Karin Boye (1900-1941) pointe l’énergie tyrannique du naturalisme égalitaire dans le chef d’œuvre dystopique La Kallocaïne, autopsie lucide du totalitarisme panoptical et hallucinatoire de l’« État mondial » (1941, Éditions Ombres, 2014).
En 2020, fidèle au libéralisme juridique des Lumières, la grande question politique de la démocratie reste peut-être celle du nécessaire mais fortuit changement des rapports humains et des liens sociaux entre les femmes et les hommes. Dont ceux funestes du machisme ordinaire et de la « domination masculine » (Pierre Bourdieu) que les poignantes Thelma et Louise tentent de contrer au prix de la vie dans le road-movie féminin/féministe Thelma & Louise (1991) de Ridley Scott projeté durant la session de cette année avec Jusqu’à la garde de Xavier Legrand (2017) sur le dilemme insoluble de la garde partagée ou exclusive des enfants de couples déchirés.

Or, sur l’horizon d’attente de l’existence, reste vivace l’irréductible désir demeuré désir. Dans la liesse séductrice de loyaux ennemis ou alliés entrelacés se noue et se dénoue le pacte amoureux toujours recommencé : « C’était au début d’adorables années. La terre nous aimait un peu je me souviens » (René Char, « Évadé », Seuls demeurent, 1938-1944). La reine de cœur doit- elle une fois l’emporter sur le roi de cœur ?

Michel Porret.
Président des Rencontres internationales de Genève.

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ANNULÉ – Mardi 22 septembre

ANNULÉ – Conférence inaugurale

Allocution par Thierry Apothéloz, Conseiller d’État chargé du département de la cohésion sociale du canton de Genève
Mot d’ouverture par Michel Porret, Président des Rencontres internationales de Genève

Eva Illouz

ANNULÉ

Visioconférence de Eva ILLOUZ

« La liberté sexuelle : comment sommes-nous passés de l’égalité à l’asymétrie entre les sexes ? »

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La liberté sexuelle fut un des grands combats politiques du féminisme. Il fut un des cas où la liberté était aussi une forme d’égalité. Or, une analyse qualitative des dites relations sexuelles entre hommes et femmes, montre que les hommes exercent du pouvoir dont la nature serait à préciser. Cette conférence s’attachera à comprendre les raisons de la persistance de l’inégalité entre les sexes, malgré les avancées indéniables des femmes dans des domaines comme le travail ou l’éducation.
 
Eva Illouz, née le 30 avril 1961 à Fès au Maroc, est une sociologue et universitaire israélienne spécialisée dans la sociologie des sentiments et de la culture. Elle est directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales.

Parmi ses publications, nous retiendrons plus spécifiquement : La Fin de l’amour : Enquête sur un désarroi contemporain (2020) et Les marchandises émotionnelles : l’authenticité au temps du capitalisme (2019).

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ANNULÉ

Regards croisés

Avec Frédéric Koller (journaliste au Temps) et Dominique Rovini (directrice du Festival Les Créatives).

18h30 – ENTRÉE LIBRE / INSCRIPTION OBLIGATOIRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

 

Mercredi 23 septembre

Jusqu'à la garde

Projection du film

« Jusqu’à la garde »

De Xavier LEGRAND, 2017, France, 1h33.

14h – ENTRÉE LIBRE / INSCRIPTION OBLIGATOIRE – CINÉMAS DU GRÜTLI, SALLE FONCTION: CINÉMA   [voir la carte]

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Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive. Avec Léa Drucker, Denis Ménochet, Thomas Gioria.

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Antoine Garapon

Conférence de Antoine GARAPON

« Les nouveaux enjeux d’une justice de l’intime « 


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On a vu se développer ces dernières années la revendication bruyante et légitime de mettre fin à certaines violences sexuelles dont étaient victimes les femmes, qui étaient soit impunies, soit insuffisamment ou maladroitement réprimées. L’institution judiciaire est, en effet, jugée patriarcale, verticale et inadaptée. D’où la nécessité de réfléchir aux enjeux d’une justice de l’intime. Cette réflexion doit partir du type de violence très particulier qu’inflige à la victime une violence de nature sexuelle ; elle doit ensuite écouter et analyser le reproche d’injustice épistémique adressé à l’institution, afin de penser à la fois les modalités concrètes et les remaniements théoriques susceptible d’honorer l’impératif de justice dans un domaine très particulier – l’intime – qu’il se gardait bien d’investir précédemment.
 
Antoine Garapon est magistrat ; après avoir été juge des enfants pendant plusieurs années, il dirige actuellement l’Institut des Hautes Études sur la Justice qui réfléchit sur les défis de la justice du XXIe siècle. Il a soutenu une thèse de sociologie du droit, sous la direction du Doyen Jean Carbonnier, publiée sous le titre : L’Âne portant des reliques, essai sur le rituel judiciaire, (Le centurion, 1985, Odile Jacob, 1996).
 
Il est l’auteur de nombreux ouvrages et notamment : Le Gardien des promesses, le juge et la démocratie, préface de Paul Ricœur (Odile Jacob, 1996), Juger en Amérique et en France. Culture juridique française et common law (en collaboration avec Ioannis Papadopoulos) (Odile Jacob, 2003), Peut-on réparer l’histoire ? Colonisation, esclavage, Shoah, (Odile Jacob, 2008), La Raison du moindre État. Le néolibéralisme et la justice, (Odile Jacob, 2010), Deals de justice. Le marché américain de l’obéissance mondialisée (en direction avec Pierre Servan-Schreiber, PUF, 2013), et, enfin Justice digitale, révolution graphique et rupture anthropologique (avec Jean Lassègue, PUF, 2018).
 
Il est membre du comité de rédaction de la revue Esprit, il dirige la collection Bien commun aux Éditions Michalon et anime une émission hebdomadaire « Esprit de justice » sur France-culture. Il est membre de la commission indépendante d’enquête sur les abus sexuels dans l’Église de France (CIASE).

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Regards croisés

Avec Anne-Laure Huber (première procureure, Canton de Genève) et Michel Porret (président des RIG).

18h30 / ouverture des portes à 18h – ENTRÉE LIBRE / INSCRIPTION OBLIGATOIRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET  [voir la carte]

 

Jeudi 24 septembre

Thelma&Louise

Projection du film

« Thelma & Louise »

De Ridley SCOTT, 1991, USA, 2h09.

14h – ENTRÉE LIBRE / INSCRIPTION OBLIGATOIRE – CINÉMAS DU GRÜTLI, SALLE FONCTION: CINÉMA   [voir la carte]

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Deux amies, Thelma et Louise, frustrées par une existence monotone, l’une avec son mari, l’autre avec son petit ami, décident de s’offrir un week-end sur les routes magnifiques de l’Arkansas. Premier arrêt, premier saloon, premiers ennuis et tout bascule. Un événement tragique va changer définitivement le cours de leurs vies. Avec Susan Sarandon, Geena Davis, Harvey Keitel.

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Fatma Oussedik

Projection de la conférence de Fatma OUSSEDIK

« Femmes et espace public : intrusion ou conquête ? Algérie 2020 »

INFO : n’ayant pas pu se rendre à Genève en raison des restrictions de voyage appliquées par l’Algérie, Fatma Oussedik donnera sa conférence sous format virtuel. Le débat “Regards croisés” avec Laure Zhang et Cristina Ferreira est maintenu en présentiel.


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La présence, la conquête de l’espace public tel que défini par Habermas en 1961 est, partout, un des enjeux centraux des mouvements sociaux actuels. Les nombreux débats auxquels on assiste à ce propos sont centrées en particuliers sur les formes d’accès et de fonctionnement de cet espace. Ils ont mobilisé la sociologie politique et la philosophie autour de la notion « public », l’histoire urbaine avec la question de l’émergence des places publiques et des différentes formes d’agora, et aussi l’histoire des médias. À présent le débat s’enrichit de la place nouvelle acquise par les médias sociaux. La question de l’égalité entre les sexes, de même que celle des classes sociales ou des générations, a permis d’en approfondir les fondements théoriques.
 
Mon intervention se propose de contribuer au débat à partir du constat de la faible attention accordée à des contextes non européens. Pour en débattre, et pour ce qui est des pays musulmans, nous faisons le choix de parler de l’espace public au féminin afin de montrer combien les structures sociales absorbent le religieux. Ce faisant l’analyse de ce concept éclaire d’un autre jour le fonctionnement de ces sociétés, leur devenir et le statut du concept.
 
Fatma Oussedik est militante féministe et professeure de sociologie et d’anthropologie à l’université d’Alger. Son intérêt porte principalement sur les minorités politiques en Algérie, les Ibadites, les femmes, les jeunes. Elle est membre de Conseils Scientifiques en Méditerranée et a reçu le prix 2019 du Savoir Partagé de l’Université de la Manouba, à Tunis.
 
Ses principales publications sont : Gender Equality for Algerian Women In The Politics of Algeria. Domestic issues and International Relations (2019), Rien ne peut s’inventer dans l’enclos du pouvoir (Revue Tocqueville 21, 2019), Les structures familiales, lieux de la résistance des acteurs sociaux en Algérie (2012), Le féminisme algérien au péril d’un contexte postcolonial (Revue Tumultes, 2010) et Relire les itiffaqat (2007).

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Regards croisés

Avec Cristina Ferreira (sociologue, HESAV) et Laure Zhang (UNIGE).

18h30 / ouverture des portes à 18h – ENTRÉE LIBRE / INSCRIPTION OBLIGATOIRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

 

Vendredi 25 septembre

Belinda Cannone

Conférence de Belinda CANNONE

« Hommes/Femmes : un destin partagé »

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Le XXe siècle a connu la plus grande révolution non violente de tous les temps, celle des femmes. En France, le système juridique a été progressivement transformé de manière à garantir l’égalité. Mais on sait que de la loi à la réalité, il faut le temps de la transformation des mentalités et des mœurs : ce à quoi s’attelle le temps présent.
 
La question contemporaine est donc : quelles sont les meilleures manières et méthodes pour assoir définitivement cette nouvelle transformation ? Certainement pas la guerre des sexes. Encore moins la promotion d’une chimérique identité féminine qui ferait des femmes des êtres tout autres que les hommes. Dans la plupart des situations de la vie ordinaire, nous vivons sous le régime de la « suspension du genre » : nous sommes juste des êtres humains en train d’agir. Agir plutôt qu’être, n’est-ce pas le plus sûr moyen d’accéder à l’égalité réelle ?
 
Le combat féministe ne sera pas achevé tant qu’il restera des situations dans lesquelles la liberté de faire ne sera pas entière et évidente. Nous avons encore du travail devant nous, puisqu’il s’agit de nous inventer. Nous n’y parviendrons pas en nous représentant sous les traits d’éternelles victimes, soumises aux violences et aux discriminations imposées par une société qui serait composée de « dominants » et de « dominés ». Avoir conscience de la complexité des liens sociaux, mener un combat politique pour atteindre cette égalité de fait à laquelle hommes et femmes ont intérêt ensemble, demande qu’on n’oublie pas que le féminisme est un humanisme.
 
Belinda Cannone, romancière et essayiste, a été longtemps maître de conférences en littérature comparée à l’Université de Caen. Parmi ses publications récentes, on trouve un roman (Nu intérieur, L’Olivier, 2015), plusieurs essais, dont la réédition actualisée de La Tentation de Pénélope – Une nouvelle voie pour le féminisme (Pocket, 2019), La Forme du monde (Arthaud, 2019) et le tout dernier, Le Nouveau Nom de l’amour (Stock, 2020).

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Regards croisés

Avec Marie Hasse (Editions Metropolis) et Rainer M. Mason (historien de l’art et conservateur).

18h30 / ouverture des portes à 18h – ENTRÉE LIBRE / INSCRIPTION OBLIGATOIRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

 

 
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