Programme 2016

lundi 26.09   |   mardi 27.09   |   mercredi 28.09   |   jeudi 29.09

FICTIONS
Penser le monde par la littérature

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« La pyramide des martyrs obsède la terre. »
René Char, « Le Bouge de l’historien », Seuls demeurent, 1938-1944.

Avec leurs agencements esthétiques, narratifs et imaginaires spécifiques, la littérature et la poésie expriment — pour le dire sommairement —, le bonheur et l’épreuve de la présence humaine au monde. La fiction est peut-être l’alliée cognitive des sciences humaines et sociales qui veulent donner du sens à l’Histoire. Ensemble, ces savoirs constituent les pivots indispensables de l’éducation scolaire, ainsi que de l’enseignement et de la recherche universitaires qu’il faut préserver et enrichir dans l’héritage éthique, politique et culturel de l’humanisme critique et des Lumières.

Lecteur assidu, essayiste, poète, « cinégraphe », nouvelliste, auteur notamment de Fictions (1944), l’immense écrivain argentin Jorge Luis BORGÈS (1899-1986) est inhumé au cimetière des Rois à Genève — ville internationale de ses études. Comme un trop modeste hommage à la modernité poétique et philosophique de son œuvre qui a changé les perspectives du regard sur la littérature en son jeu spéculaire avec le réel, la 49e session des Rencontres internationales de Genève est consacrée aux infinis rapports que l’imaginaire littéraire entretient avec les désordres et les incertitudes du monde contemporain, ainsi que la responsabilité sociale de l’écrivain.

Pour terminer l’été, cette session invite chaleureusement la cité à une prometteuse conversation cosmopolite de quatre jours avec quatre auteurs prestigieux venus du Canada, d’Italie, de Grèce, d’Algérie : Madame Kim THUY ; Messieurs Erri DE LUCA, Petros MARKARIS, Boualem SANSAL. Leurs conférences inédites ouvriront sur des tables-rondes et des débats publics. Selon leurs choix existentiels et leurs engagements individuels, ces écrivains incarnent la littérature contemporaine comme une « parole contraire », mais aussi comme une éthique résistante face aux maux et aux violences du monde déboussolé et sécuritaire d’aujourd’hui, avec son cortège de civils massacrés, de migrants désespérés, d’intellectuels inquiétés, censurés, traduits en justice, brutalisés, voire abattus pour des motifs religieux et politiques, mais aussi de saccages environnementaux et de dégradations socio-économiques, matrices de précarités et d’inégalités.

Pourtant, au-delà des choix poétiques, esthétiques et de genres littéraires, au-delà de son usage social et de son approche herméneutique, la littérature porte certainement un espoir pour penser ensemble le monde meilleur et plus fraternel auquel nous rêvons : à « chaque effondrement des preuves le poète répond par une salve d’avenir » (René CHAR).

Michel Porret.
Président des Rencontres internationales de Genève.

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Lundi 26 septembre

Mot d’ouverture

Par Michel Porret (UNIGE), Président des Rencontres internationales de Genève

18h30 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

Boualem Sansal

Conférence de Boualem SANSAL

« Écrire dans la violence du monde »

18h45 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

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Depuis longtemps sans doute, et de plus en plus de nos jours, la violence s’étend sur le monde, dans un mouvement conquérant et totalitaire. Elle repense le monde, le reconfigure, selon ses volontés et ses besoins. Forcées par la mondialisation consumériste, la dictature du politiquement correct et l’expansion islamiste, nos vies nous échappent. Les institutions démocratiques, issues des Lumières, sont toutes en perte de vitesse. Ni la politique, ni la philosophie, n’offrent de perspectives crédibles. Et la littérature, peut-elle nous aider à nous remettre en question et rebâtir un cadre de vie en adéquation avec nos aspirations ? La réponse est certainement oui, si elle s’engage et qu’elle sache réinventer les Lumières.
 
Boualem Sansal est un écrivain et essayiste algérien, francophone. Il a 68 ans et vit en Algérie. Il est ingénieur de formation et économiste. Sa carrière professionnelle s’est déroulée autour de deux activités, l’enseignement et la haute administration. C’est à 50 ans, durant la guerre civile qui a sévi dans son pays dans la décennie 90, qu’il s’engage en littérature. Ses œuvres sont une dénonciation des maux qui ravagent son pays, la dictature, la corruption, l’islamisme. Il a publié à ce jour sept romans, dont « Le serment des barbares » (1999), « Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller » (2008) et « 2084, la fin du monde » (2015), et trois essais dont « Gouverner au nom d’Allah. Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe » (2013). Ses œuvres ont été maintes fois récompensées (notamment par le Grand prix du roman de l’Académie française en 2015) et sont traduites dans une trentaine de langues.

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Table ronde

« Utopie – Dystopie : le meilleur et le pire du monde »

Animée par François Rosset (UNIL). Avec Boualem Sansal, Marc Atallah (Maison d’Ailleurs) et Pascale Kramer (écrivaine)

19h45 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

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49e-Rencontres-Internationales-de-Geneve-Universite-de-Geneve-Fictions-Penser-le-monde-par-la-litterature-Marc AtallahMarc Atallah est directeur de la Maison d’Ailleurs (musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires) et maître d’enseignement et de recherche à la Section de français de l’Université de Lausanne. Ses recherches portent principalement sur les littératures conjecturales (utopie, dystopie, voyages imaginaires, science-fiction) et sur les théories littéraires (théories des genres, théories de la fiction). Il est l’auteur de nombreux articles et a coédité plusieurs ouvrages, dont L’Homme-machine et ses avatars (2011), Souvenirs du Futur, Les Miroirs de la Maison d’Ailleurs (2013), Pouvoirs des jeux vidéo (2015), Portrait-Robot ou Les multiples visages de l’humanité (2015) et L’Art de la science-fiction (2016).
 

Pascale KramerPascale Kramer est née en Suisse. Elle vit est travaille à Paris depuis 1987. Elle a publié treize romans en Suisse et en France qui ont été traduits et ont reçus plusieurs prix, dont Les Vivants (2000, Prix Lipp 2001), L’adieu au Nord (2005), L’implacable brutalité du réveil (2009, Prix Schiller) et Autopsie d’un père (2016). Elle est membre du jury du Prix des 5 continents de la Francophonie.

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Mardi 27 septembre

Introduction

Par Louis de Saussure (UniNE), Membre du comité des RIG

18h30 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

Petros Markaris

Conférence de Petros MARKARIS

« L’écrivain et ses villes »

18h45 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

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Au travers de son expérience personnelle avec ses villes – Istanbul, Vienne et Athènes – Petros Markaris explore les chemins par lesquels s’est forgée sa personnalité d’écrivain. Plus en avant, il se questionne sur le lien entre le roman policier contemporain et les grandes villes – comment émerge-t-il de ces contextes urbains, de leur histoire, de leurs odeurs, de leurs habitants, de leurs crises ? La réponse se construit au travers des grands noms du roman policier, tels que Jean-Claude Izzo et Marseille ou encore Manuel Vazquez Montalban et Barcelone.
 
Né à Istanbul en 1937, Petros Markaris, est romancier, auteur de polars, dramaturge, scénariste et traducteur. Il a fait des études d’économie politique. Il a été coscénariste du réalisateur grec Theo Angelopoulos et a participé à l’écriture de plusieurs scénarios de ses films, comme « Alexandre le Grand », « Le pas suspendu de la cigogne », « Le regard d’Ulysse » et « L’éternité et un jour ». Son premier roman policier « Journal de la nuit » est paru en 1995. Petros Markaris a reçu de nombreuses récompenses, dont le prix du polar de Barcelona Negra, le prix Italien Courmayeur du polar, et le prix Le Point du polar européen 2013.
Parmi ses nombreux romans, on retiendra notamment « Une défense béton » (1998), « Le Che s’est suicidé » (2003), « L’Empoisonneuse d’Istanbul » (2008), « Liquidations à la Grecque » (2010), « Le Justicier d’Athènes » (2011), « Pain, Education, Liberté » (2014) et « Epilogue meurtrier » (2015).

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Table ronde

« Roman policier, roman social »

Animée par Louis de Saussure (UniNE). Avec Petros Markaris, Sylvain Briens (Université Paris-Sorbonne) et Nathalie Piegay (UNIGE)

19h45 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

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Sylvain BriensSylvain Briens est professeur de littérature et histoire culturelle nordique à l’Université Paris-Sorbonne. Après une carrière d’ingénieur dans l’industrie des télécommunications et aux Nations Unies, il a enseigné les langues, littératures et civilisation scandinaves à l’Université de Strasbourg puis à l’Université Paris-Sorbonne. Ses recherches portent principalement sur les littératures scandinaves modernes et contemporaines.
 

Nathalie PiegayNathalie Piegay, professeure ordinaire à l’UNIGE, est spécialiste de littérature française moderne et contemporaine. Ses travaux portent sur la fiction, la théorie littéraire et les liens du récit contemporain au savoir, à l’histoire et aux archives. Elle a publié des études sur Claude Simon, Aragon, Robert Pinget, en particulier.

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Mercredi 28 septembre

Projection du film documentaire

« Borges – Les livres et la nuit »

De Tristan Bauer, 2000, VO en espagnol, sous-titré en français. Suivi d’une discussion animée par Federica Tamarozzi (MEG), membre du comité des RIG

14h – ENTRÉE LIBRE   [sur réservation] – CINÉMAS DU GRÜTLI, SALLE FONCTION: CINÉMA   [voir la carte]

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Borges Les livres et la nuitPuits infinis de l’étrange Bibliothèque de Babel, multiples couloirs, cercles, miroirs, escaliers et hexagones, le film, entre documentaire et fiction, part à la rencontre du monde de l’un des plus grands auteurs de langue espagnole: Jorge Luis Borges – de sa fiction, de ses contes et de ses obsessions littéraires.

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Introduction

Par Patrizia Lombardo (UNIGE), Membre des RIG

18h30 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

Erri De Luca

Conférence de Erri DE LUCA

« La chute comme expérience de salut »

18h45 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

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« J’ai l’expérience de nombreuses variétés de chutes. Toutes sont dues à la loi dite de gravité. Il faut que la chute ne soit pas le dernier mot, mais le passage nécessaire pour se redresser. Existe-t-il une force en nous et dans la nature qui contredit la chute? »
 
Erri De Luca est né à Napoli en 1950 et vit aujourd’hui dans une maison de campagne au nord de Rome. Il a travaillé comme ouvrier pendant vingt ans et est engagé dans différentes luttes sociales. Il est également un alpiniste émérite. Il hérite de son père le goût des livres et publie son premier roman « Pas ici, pas maintenant » en 1989. Il est l’auteur de traductions de l’Ancien Hébreu biblique, ainsi que de nombreux romans, poèmes et pièces de théâtre. Ses romans se situent tous à Naples et ont tous un fondement autobiographique. On retiendra notamment « Sur la trace de Nives » (2005), « Au nom de la mère » (2006) et, son dernier ouvrage, « La parole contraire » (2015), fondé sur son combat contre un désastre environnemental en Italie et dans lequel il défend le droit à la liberté de parole contraire. Ses livres sont traduits en plus de trente langues et il a obtenu le prix Femina étranger 2002 pour son livre « Montevideo » (2001) et le Prix européen de littérature en 2013.

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Table ronde

« Passions de fictions »

Animée par Patrizia Lombardo (UNIGE). Avec Erri De Luca, Sylviane Dupuis (UNIGE) et Jean-Michel Olivier (écrivain et journaliste).

19h45 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

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Sylviane DupuisSylviane Dupuis, née à Genève, est poète, auteur de théâtre et essayiste. Elle enseigne la littérature au Département de français moderne de l’Université de Genève. Prix Ramuz de Poésie en 1986, traduite en huit langues, elle a publié sept livres de poésie, dont Géométrie de l’illimité (2000) et Poème de la méthode (Prix Pittard de l’Andelyn 2012), des essais, de nombreux articles critiques, et cinq pièces de théâtre dont La Seconde Chute, créée à Genève, Zurich, Montréal, Cracovie et New York, ou Les Enfers ventriloques, Prix des Journées de Lyon des Auteurs de théâtre 2004. Elle est co-fondatrice de la Maison de Rousseau et de la Littérature (MRL) à Genève. Dernier titre paru : Qu’est-ce que l’art? 33 propositions, Zoé, 2013.
 

Jean-Michel OlivierJean-Michel Olivier est né en Suisse en 1952. Journaliste et écrivain, il a publié de nombreux livres sur la photographie et l’art contemporain. En outre, il est l’auteur d’une vingtaine de romans dont La Mémoire engloutie (Mercure de France, 1990), L’Enfant secret (Prix Dentan 2004) et Notre Dame du Fort-Barreau (2008). En 2010, il a reçu le Prix Interallié pour L’Amour nègre (de Fallois-l’Âge d’Homme). Il est considéré comme l’un des meilleurs écrivains suisses de sa génération. Son dernier livre, L’Ami barbare, est le portrait d’un homme hors du commun, en même temps qu’un hymne à la liberté et aux pouvoirs magiques de la littérature.

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Jeudi 29 septembre

Introduction

Par Stéphane Berthet (secrétaire général UNIGE), Membre des RIG

18h30 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

Kim Thuy

Conférence de Kim Thuy

« La fiction, une réalité sans frontières »

18h45 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

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La fiction permet de traverser le temps en se balançant d’une époque à une autre grâce à l’élan d’un mot ou le retour d’une image. Elle traverse les continents sans même changer de paragraphe et fusionne les cultures dans le silence des espaces. Elle tricote les mœurs, les us et coutumes avec un point-virgule et prédit le futur en suivant un simple souffle. En bref, La fiction libère la réalité de ses contraintes en bousillant les lignes, les formes et les formules. Ainsi, la réalité retrouve sa pureté première.
 
Née à Saïgon en 1968, Kim Thuy a quitté le Vietnam avec les boat people à l’âge de dix ans et s’est installée avec sa famille au Québec. Diplômée en traduction et en droit, l’auteure a travaillé comme couturière, interprète, avocate, propriétaire de restaurant et chroniqueuse culinaire pour la radio et la télévision. Elle vit à Montréal et se consacre à l’écriture. Son premier livre, Ru (2009), a connu un succès fulgurant et a remporté de nombreux prix du Gouverneur général du Canada (2010) et le Grand prix littéraire Archambault (2011). Depuis, elle a publié trois autres livres : A toi (2011), Mãn (2013, Finaliste du Prix des cinq continents de la Francophonie 2013) et, dernièrement, Vi (2016).

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Table ronde

« Éditer les fictions »

Animée par Franca Madioni (dr. Méd.). Avec Kim Thuy, Caroline Coutau (Ed. Zoé), Maud Simonnot (Gallimard) et Michèle Stroun (Ed. Metropolis)

19h45 – ENTRÉE LIBRE – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir la carte]

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Caroline CoutauCaroline Coutau, née à Genève en 1966, a effectué des études en littérature française et linguistique. Ayant exercé comme critique de danse contemporaine et déléguée culturelle à la Ville de Lancy, elle travaille depuis 2003 dans le milieu des éditions. Elle est, depuis 2011, directrice des éditions Zoé.
 
Maud SimonnotNée en 1979, docteur ès lettres, Maud Simonnot a rédigé sa thèse sur « La vie littéraire en Bourgogne (1820-1920) ». Elle travaille aujourd’hui comme attachée littéraire chez Gallimard à Paris.
 
 

Michele StrounMichèle Stroun-Finger, apatride jusqu’à l’âge de 22 ans, née à Genève d’un père juif polonais et d’une mère juive hongroise née à Lucerne. Diplôme de traductrice de l’Université de Genève, puis licence en journalisme de l’Université Libre de Bruxelles. Journaliste engagée dans la cause féministe (Femmes en mouvement, Femmes suisses). Elle fonde les éditions Metropolis en 1987 avec le désir de construire un catalogue ouvert sur le monde.

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