Programme 2022

 

 

lundi 26.09   |   mardi 27.09   |   mercredi 28.09  |   jeudi 29.09

RESSENTIMENT
PÉRILS ET ESPOIRS DÉMOCRATIQUES

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Le ressentiment amalgame la rancune et l’animosité envers ce qui est désigné comme la source d’un préjudice, d’un mal subi, d’une humiliation réelle ou ressentie, d’une injustice. Au plan individuel, le ressentiment embrase la jalousie et les conflits, affermit l’agressivité, décuple la haine. Collectivement, le ressentiment attise les griefs contre les institutions, le régime politique, les étrangers identifiés à l’altérité inassimilable. Des prophètes populistes et des dirigeants messianiques instrumentalisent le ressentiment pour mobiliser les foules dans l’intolérance confessionnelle, la revanche politique contre les « privilégiés », la dénonciation de « boucs-émissaires », la brutalisation sociale, le nationalisme belliciste, la xénophobie, le durcissement identitaire.
Guerres de religion, révolutions, régimes autoritaires et totalitaires, conflits mondiaux, Shoah : maintes fois, le ressentiment a mis le monde au bord de l’« apocalypse » et du « désapprentissage de la civilisation » comme l’illustrent au XXe siècle, après la saignée de la Grande guerre, la « révolution » fasciste en Italie, le stalinisme, le joug antisémite du nazisme exterminateur, les effrayantes guerres coloniales.
Désarroi politique et social, émotion individuelle et émoi collectif : l’assemblage de griefs antilibéraux instaure aujourd’hui l’offensive autoritaire contre la modernité démocratique héritée des Lumières et les droits individuels dans la vie privée. Comment saisir autrement le tournant conservateur de la Cour suprême qui « attaque les piliers progressistes des États-Unis » ? Quel périmètre au ressentiment anti-démocratique dans la guerre Russe en Ukraine ?
À l’orée d’un monde globalisé empli de nouveaux périls militaires, antilibéraux, climatiques et pandémiques, comment la démocratie peut-elle combattre la culture politique du ressentiment qui la sape ?

Michel Porret.
Président des Rencontres internationales de Genève.

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Lundi 26 septembre

Conférence inaugurale

Allocution de Monsieur Thierry Apothéloz, Conseiller d’État chargé du département de la cohésion sociale du canton de Genève
Mot d’ouverture par Michel Porret, Président des Rencontres internationales de Genève

Conférence de Ivan KRASTEV

Politologue et journaliste bulgare

« Resentment and Rise of Global Identity Politics »

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International Order as a Hall of Broken Mirrors. En 1995, dans une conférence donnée à l’IWM de Vienne, l’anthropologue américain Clifford Geertz a prédit que, contrairement au consensus qui prévalait à l’époque, l’ordre international né de la fin de la guerre froide ne serait pas défini par la convergence et l’adoption en bloc de modèles occidentaux, mais par une obsession de l’identité et de la différence dans laquelle « un flot de divisions obscures et d’instabilités étranges » remontera à la surface » et que nous serions hantés par les questions suivantes : « Qu’est-ce qu’un pays si ce n’est pas une nation ? » et « qu’est-ce qu’une Culture si ce n’est pas un consensus ? ».
La guerre de la Russie en Ukraine est une preuve de son intuition. Alors que beaucoup ont tendance à la présenter comme un retour de la guerre froide, Ivan Krastev soutient que la politique idéologique caractéristique de la guerre froide a cédé la place à une politique identitaire à l’échelle mondiale. Si le conflit entre la démocratie et l’autoritarisme continue d’avoir un impact sur la politique étrangère des États, c’est la guerre culturelle entre les États et au sein des États qui sera la plus importante pour définir le comportement des États dans la politique internationale.

Ivan Krastev est président du Centre for Liberal Strategies et membre permanent de l’Institut des sciences humaines, IWM Vienne. Il est membre fondateur du conseil d’administration du Conseil européen des relations étrangères, membre du conseil d’administration de l’ONG International Crisis Group et membre du conseil d’administration de GLOBSEC. Il a collaboré avec le New York Times dans la rubrique « Opinions » (2015-2021). Ivan Krastev est l’auteur de Is it Tomorrow, Yet ? How the Pandemic Changes Europe (Allen Lane, 2020) ; The Light that Failed: A Reckoning (Allen Lane, 2019), co-écrit avec Stephen Holmes – a remporté le 30e prix annuel Lionel Gelber ; After Europe (UPenn Press, 2017) ; Democracy Disrupted. The Global Politics on Protest (UPenn Press, 2014) et In Mistrust We Trust: Can Democracy Survive When We Don’t Trust Our Leaders? (TED Books, 2013). Ivan Krastev est le lauréat du prix Jean Améry de l’essai européen 2020.

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Regards croisés

Avec Emmanuel Dalle Mulle (Université Complutense de Madrid), Luis Lema (Le Temps) et Robert Roth (RIG).

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Emmanuel Dalle Mulle est chercheur post-doctoral à l’Université Complutense de Madrid. Spécialisé dans l’histoire et la politique du nationalisme, ses recherches portent sur les mouvements d’autodétermination, les relations entre majorités et minorités, l’histoire de l’État social et l’histoire des droits de l’homme.

Luis Lema est journaliste et éditorialiste au quotidien Le Temps. Il a été correspondant en Espagne, au Proche-Orient et aux Etats-Unis, et il a couvert de multiples terrains en tant qu’envoyé spécial, principalement dans le monde arabe et en Amérique latine. Il s’est rendu plusieurs fois en Ukraine ces derniers mois.

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CONFÉRENCE EN ANGLAIS – avec interprétation simultanée vers le français
18h30 – ENTRÉE LIBRE / SANS INSCRIPTION – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir infos pratiques]

 

Mardi 27 septembre

Conférence de Anne NIVAT

Politologue et journaliste française

« Le ressentiment dans la guerre : mes expériences en Irak, Afghanistan, Tchétchénie et Ukraine »

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Anne Nivat est Docteur en sciences politiques. Reporter de guerre indépendante, elle a vécu dix ans basée à Moscou en tant que correspondante pour des titres de presse francophone tels que Libération, Ouest France, Le Soir, Le Point, la radio RMC. Après avoir couvert seule, des années durant, la Tchétchénie, l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie, depuis une décennie elle porte son regard sur son propre pays. Elle est l’auteur de quatorze livres, dont Chienne de guerre : une femme reporter en Tchétchénie (Fayard, 2000)- prix Albert-Londres, Dans quelle France on vit (Fayard, 2017), Un continent derrière Poutine ? (2018, Le Seuil), La France de face (Fayard, 2022), et de deux romans graphiques dont Dans la gueule du loup (Marabulles, 2021).

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Regards croisés

Avec Richard Werly (Blick) et Sébastien Farré (UNIGE).

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Richard Werly est journaliste au Blick. Il a précédemment été le correspondant permanent à Paris et rédacteur en chef adjoint du Temps, ainsi qu’envoyé spécial en Irak, Afghanistan et sur d’autres théâtres de conflits. Il est lauréat du Prix Jean-Dumur 2020. Son dernier ouvrage s’intitule La France contre elle-même (Grasset, 2022).

Directeur exécutif de la Maison de l’histoire (UNIGE) et co-directeur du Festival Histoire et Cité, Sébastien Farré est un historien, spécialiste de l’histoire de l’humanitaire, des guerres mondiales, de l’Espagne contemporaine et de l’immigration en Suisse. Son dernier ouvrage est consacré au CICR durant la guerre d’Espagne, L’affaire Henny. Le CICR et les massacres de Paracuellos (Georg, octobre 2022)

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18h30 – ENTRÉE LIBRE / SANS INSCRIPTION – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir infos pratiques]

 

Mercredi 28 septembre

La Haine

Projection du film

La Haine

De Mathieu Kassovitz, 1995, France, 1h35, VO.

14h – ENTRÉE LIBRE / INSCRIPTION – CINÉMAS DU GRÜTLI, SALLE FONCTION: CINÉMA   [voir infos pratiques]

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Abdel Ichah, seize ans est entre la vie et la mort, passé à tabac par un inspecteur de police lors d’un interrogatoire. Une émeute oppose les jeunes d’une cité HLM aux forces de l’ordre. Pour trois d’entre eux, ces heures vont marquer un tournant dans leur vie….

 

Présentation du film par Cerise Dumont (UNIGE). Diplômée d’un Master en histoire de l’art à l’Université de Genève et passionnée de cinéma, Cerise s’engage dans le ciné-club universitaire de Genève en 2015. Elle organise le cycle de films Viølences. Le nouveau cinéma danois en 2018, et collabore au festival Histoire et Cité.

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Conférence de Barbara STIEGLER

Philosophe française

« Le ressentiment : structure grammaticale ou pulsion populaire ? À propos de la démocratie et de ses ennemis »

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Le ressentiment est de plus en plus souvent invoqué comme l’une des causes majeures de la crise démocratique. Si nos régimes politiques vont mal, ce serait la faute de ce sentiment, considéré comme la pulsion principale des classes populaires. Qu’elles votent, s’abstiennent, manifestent, refusent ou protestent, le discours du ressentiment les accuse invariablement d’être aveuglés par l’envie et le complotisme. En proposant une histoire philosophique du mot lui-même, que Nietzsche reprend à l’écrivain français Paul Bourget, je me propose de montrer que le ressentiment est moins une pulsion populaire qu’une structure centrale de notre grammaire et de notre métaphysique. En accusant les basses pulsions du peuple, le discours dominant, qui se plaît tant à le dénoncer, en porte en réalité la marque de bout en bout.

Barbara Stiegler est professeur de philosophie à l’Université Bordeaux Montaigne et membre de l’Institut universitaire de France. Initialement spécialisée en philosophie allemande (Nietzsche et la biologie (PUF, 2001) et Nietzsche et la critique de la chair. Dionysos, Ariane, le Christ (PUF, 2005)), ses recherches s’inscrivent aujourd’hui dans le champ de la philosophie politique et portent sur l’histoire des libéralismes et de la démocratie. Parmi ses derniers ouvrages, on retient notamment « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique (2019), De la démocratie en pandémie : santé, recherche, éducation (Gallimard, 2021) et Santé publique année zéro (Gallimard, 2022).

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Regards croisés

Avec Lucienne Bittar (revue choisir), Alice Rey (UNIGE) et Marie Hasse (RIG).

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Lucienne Bittar est journaliste et a travaillé pour divers médias, notamment pour Terre des Hommes Lausanne et l’Université de Lausanne. Elle est depuis 2007 rédactrice en chef de la revue culturelle choisir éditée par les jésuites de Suisse romande et, depuis cette année, vice-présidente de l’Association suisse des amis de Sœur Emmanuelle, une ONG active au Soudan du Sud et en Haïti.

Alice Rey est assistante en histoire moderne à l’université de Genève et membre de l’équipe de recherche DAMOCLES. Elle rédige une thèse de doctorat, sous la direction de Michel Porret et Paul-Alexis Mellet, intitulée : Entre corps et fiction : pour une définition de l’individu chez Bentham. Elle a publié en 2021, dans l’ouvrage codirigé par Fabrice Brandli et Marco Cicchini Pages d’histoire. Autour de Michel Porret, l’article : Pour une histoire du corps pénal (XVIe-XIXe siècle).

Marie Hasse est directrice des éditions Metropolis et vice-présidente des Rencontres internationales de Genève.

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18h30 – ENTRÉE LIBRE / SANS INSCRIPTION – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir infos pratiques]

 

Jeudi 29 septembre

Prisoners

Projection du film

Prisoners

De Denis Villeneuve, 2013, USA, 2h33, VO sous-titrée en français.

14h – ENTRÉE LIBRE / INSCRIPTION – CINÉMAS DU GRÜTLI, SALLE FONCTION: CINÉMA   [voir infos pratiques]

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Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus.

 

Présentation du film par Cerise Dumont (UNIGE). Diplômée d’un Master en histoire de l’art à l’Université de Genève et passionnée de cinéma, Cerise s’engage dans le ciné-club universitaire de Genève en 2015. Elle organise le cycle de films Viølences. Le nouveau cinéma danois en 2018, et collabore au festival Histoire et Cité.

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Conférence de Antonio SCURATI

Écrivain italien

« Fascismo e populismo »

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L’alarme concernant un hypothétique retour du fascisme, suscitée par la progression de la nouvelle droite européenne depuis le début du millénaire, a souvent regardé – selon Antonio Scurati – dans la mauvaise direction. L’attention des démocrates alarmés s’est focalisée sur les signes les plus sinistres et les plus voyants : rites et gestes identitaires, violence physique, manifestations flagrantes de haine raciale. Il s’agissait et il s’agit sans aucun doute de phénomènes inquiétants, souvent criminels, qui ne doivent être ni ignorés ni sous-estimés, mais exécutés moralement et poursuivis pénalement.
Au cours des dernières décennies, cependant, en Europe et en Amérique, une deuxième lignée de descendants de la culture politique fasciste a généré une progéniture plus importante, plus nombreuse et plus alarmante sur la scène politique contemporaine. Antonio Scurati fait référence à ces mouvements et partis politiques de masse, souvent difficiles à classer dans les catégories de droite et de gauche du vingtième siècle, qui sont conventionnellement définis comme populistes ou souverainistes. Ce sont ces mouvements et ces partis qui, tout en répudiant l’usage de la violence politique physique (mais pas verbale) et tout en évoluant dans les règles du jeu démocratique, manifestent de nombreuses caractéristiques héritées du fascisme du vingtième siècle. La thèse soutenue ici est la suivante : les populistes italiens – mais aussi européens et américains – descendent, consciemment ou inconsciemment, directement ou indirectement, non pas de Mussolini le fondateur du parti fasciste, mais de Mussolini l’inventeur du populisme.

Antonio Scurati est né à Naples en 1969, a grandi entre Venise et Ravello et vit à Milan. Enseignant à l’université IULM et chroniqueur au Corriere della Sera, il a été traduit dans le monde entier. Il fait ses débuts en 2002 avec Il rumore sordo della battaglia, puis en 2005 il publie Il sopravvissuto (Prix Campiello) et les années suivantes Una storia romantica (Prix SuperMondello), Il bambino che sognava la fine del mondo (2009), La seconda mezzanotte (2011), Il padre infedele (2013) et Il tempo migliore della nostra vita (Prix Viareggio-Rèpaci et Premio Selezione Campiello). En 2006, il a écrit l’essai La letteratura dell’inesperienza (La littérature de l’inexpérience), suivi d’autres études, dont la monographie Guerra. Il grande racconto delle armi da Omero ai giorni nostri (réédité par Bompiani en 2022). Scurati est codirecteur scientifique du Master of Arts in Storytelling.
En 2018 et 2020, Bompiani a publié les deux premiers romans consacrés au fascisme et à Benito Mussolini : M. Il figlio del secolo – en tête du palmarès pendant deux années consécutives, lauréat du Premio Strega 2019, et qui est devenu une pièce de théâtre et une série télévisée à venir – et M. L’uomo della provvidenza ; le troisième volume, M. Gli ultimi giorni dell’Europa, sera publié le 14 septembre 2022.

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Regards croisés

Avec Stéfanie Prezioso (UNIL) et Michel Porret (RIG).

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Stéfanie Prezioso est docteure ès Lettres (mention histoire). Elle est professeure à la Faculté des Sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne. Ses travaux portent principalement sur le fascisme et l’antifascisme, sur la génération de 1914, sur la question de l’exil politique et sur les problèmes historiographiques relatifs à l’appropriation de la mémoire historique (usage public de l’histoire).

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CONFÉRENCE EN ITALIEN – avec interprétation simultanée vers le français
18h30 – ENTRÉE LIBRE / SANS INSCRIPTION – UNI DUFOUR, AUDITOIRE JEAN PIAGET   [voir infos pratiques]

 

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